Chapitre 1: L'arrivée
Je viens de voir un panneau qui indiquait que nous entrerions dans le camping dans quelques mètres seulement. Le paysage commençait à être presque joli, je l'avoue, mais ça ne voulait tout de même pas dire que je voulais venir gâcher mon été ici…
L'envie de rentrer chez moi reste toujours aussi puissante! Je refuse de passer deux mois de ma vie à vivre dans la nature, à me laver sous une douche froide, à devoir partager les toilettes avec des inconnus, à dormir sur un lit absolument inconfortable, à n'avoir absolument aucun moyen de communiquer avec mes amis parce qu'il n'y aurait ni internet, ni réseau, et le pire de tout, à vivre constamment entourée d'insectes inconnus, bruyants et dangereux!
Mon grand-père se gara enfin, ce qui me fit sortir de mes pensées. Il coupa le moteur et chanta joyeusement:
« Nous sommes arrivés-és-és, l'été peut commencer-é-é, on va s'amuser-er-er, pendant tout l'été-é-é. »
Il avait l'air heureux. Je m'en voulais de faire la gueule du coup, mais je n'arrivais pas à faire autrement, je ne parvenais pas, même malgré mes efforts, à être heureuse d'être ici…
Sans plus attendre, on quitta la voiture et on se dirigea vers l'accueil du camping. Nous avons eu de la chance, il n'y avait pas de file, on put donc directement parler à une employée derrière le comptoir.
« Bonjour, bienvenue au camping du lagon bleu, dit-elle avec une joie professionnelle, que puis-je faire pour vous?
- Bonjour, nous avons fait une réservation au nom d'Adams, répondit calmement ma grand-mère.
- Ah oui, je vois, nous allons vérifier ensemble si les informations enregistrées sont bien correctes, dit l'employée sur un ton d'institutrice maternelle, comme si elle s'adressait à des enfants.
- Bien sûr.
- Alors, vous avez bien réservé pour les deux mois d'été? Vous êtes bien trois? Vous avez réservé un emplacement pour tente? … »
Les questions n'en finissaient plus, et moi, je n'en pouvais plus. Le ton qu'elle utilisait pour s'adresser à mes grands-parents comme s'ils étaient complètement attardés et ses questions m'agaçaient. Elle a même demandé la plaque d'immatriculation de notre voiture! Non, mais ho! Il ne faut pas pousser Bobonne dans les orties, non plus!
Quand on eut enfin fini de répondre à toutes ses questions plus débiles les unes que les autres, on rejoint la voiture, on remonta à son bord et on commença à chercher notre emplacement. Elle nous avait dit "zone bleue, allée sable, emplacement 329". Très drôle, on fait quoi nous avec ça?
Heureusement que ce n'était pas la première fois de mes grands-parents, sinon, je pense que nous n'aurions toujours pas quitté le parking…
L'employée avait été très claire, nous n'avions que le droit de laisser notre voiture pendant deux heures près de notre emplacement pour décharger. Si nous dépassions ce temps, nous risquions une amende… Fort sympathique, tout ça…
Une fois que l'on eut enfin trouvé l'emplacement, on se mit au travail. Mode fourmis activé! On se dépêchait à tout sortir et Dieu seul sait combien de choses nous avions amené: de la nourriture, la tente, des vêtements, des livres, des lits, des jeux de société, et bien d'autres choses encore. Dès que la voiture fut vide, Bon-papa alla la reconduire au parking tandis que Bonne-maman et moi commencions à trier un peu.
Pile au moment où nous terminions notre petit tri, Bon-papa revint:
« Parfait, on va tous pouvoir monter la tente. Ça ira plus vite à nous trois, dis-je.
- Ah non, ça c'est mon job! Je vous connais et si je vous laisse faire, la tente ne sera jamais montée pour ce soir…
- Allez, viens Clara, nous allons commencer le souper en attendant, tu le connais, il est têtu, on ne le fera pas changer d'avis, crois-moi! »
Très rapidement, mon grand-père nous appela pour venir voir la tente. Elle était gigantesque, avec trois pièces si on peut appeler comme tels ces murs en tissus: une pour moi, une pour eux et une commune. On commença donc doucement à rentrer les affaires et j'allai un peu arranger ma "chambre". J'allais tout de même y vivre deux mois, que je le veuille ou non, alors je préférais m'y sentir bien…
Une fois que je fus à peu près satisfaite de ce que j'en avais fait, je quittai ma "chambre" et rejoint mes grands-parents qui s'étaient attaqués à la fin de la préparation du souper, super, je meurs de faim.
Je mis la table puis les aidai à terminer, ensuite, on s'attabla tous les trois dans le silence et nous commencions à manger. Nous étions épuisés de notre journée, mais le repas nous redonna la force de parler:
« Alors, Clara? C'est si horrible? Demanda gentiment ma grand-mère.
- Vous savez, ce n'est pas que je ne suis pas contente d'être avec vous, mais j'ai horreur du camping et je voulais vraiment partir avec mes amis…
- Pourquoi détestes-tu tellement le camping? Demanda Bon-papa, interloqué. C'est chouette pourtant.
- J'ai de mauvais souvenirs d'un camp scout, mais je suis désolée, je suis encore trop mal pour en parler…
- Ne t'inquiète pas, on ne te force pas à te confier à nous si tu ne te sens pas capable, ce n'est pas un souci. Notre principale préoccupation ici, sera que tu sois heureuse et je te promets que ton grand-père et moi, nous ferons tout ce qui est possible pour que tu le sois.
- Merci, Bonne-maman, mais je n'ai pas l'impression que je vais apprécier cet endroit… »
Après cette petite discussion, on finit notre repas dans le silence, débarrassa la table, fit la vaisselle puis on partit dans nos appartements personnels.
D'accord, cette journée s'est bien passée, mais je veux toujours rentrer chez moi.
« Allez courage, Clara, il ne te reste que deux mois, huit semaines, soixante-deux jours… Après, ce calvaire sera terminé. »
